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En mai 2024, Abdul Qadir Mumin, émir de l’organisation Etat islamique (EI, ou Daech selon son acronyme en arabe) en Somalie, avait survécu aux frappes de drones américains qui cherchaient à l’éliminer. Avant cette tentative, l’armée américaine avait concentré peu de moyens pour cibler cet homme discret. Mais l’expansion rapide de la branche somalienne de l’EI, dans la région du Puntland, qui compte près d’un millier de combattants, est désormais considérée comme une menace sérieuse par le Pentagone.
Au Moyen-Orient, si le califat autoproclamé par l’EI n’existe plus physiquement, son idéologie et son combat subsistent. Avec cependant des ressources bien plus limitées que la coalition de groupes rebelles menée par les islamistes radicaux de Hayat Tahrir Al-Cham, qui s’est emparée d’Alep, dimanche. Les résidus de Daech mènent des attaques dans leurs anciens bastions d’Irak et de Syrie mais, n’ayant plus de base stable au Levant, le groupe djihadiste tente de se réinventer ailleurs : au Khorassan (la branche afghane) et en Afrique.
« L’EI a élargi et consolidé sa zone d’opération en Afrique de l’Ouest et au Sahel (…) et dans d’autres parties du continent, notamment au Mozambique, en Somalie et en République démocratique du Congo [RDC] », résumait en août, devant le Conseil de sécurité, le directeur exécutif au Centre des Nations unies pour la lutte contre le terrorisme, Vladimir Voronkov, Ces derniers mois, les branches de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Nigeria, Niger) et au grand Sahara (Mali) étendent leur rayon d’opérations.
« C’est un motif de vive inquiétude », analyse Martin Ewi, expert des questions liées au terrorisme à l’International Security Studies (ISS), selon qui « l’essor de la banche somalienne constitue une menace pas seulement pour l’Afrique de l’Est mais pour tout le continent ».
Depuis deux décennies, la Somalie est connue pour être le théâtre d’une autre insurrection islamiste de taille : le groupe Chabab, affilié à Al-Qaida, contrôle presque un quart du territoire, dans le sud du pays. L’ampleur de la guérilla Chabab, qui concentre l’ensemble des opérations internationales de lutte contre le terrorisme, a longtemps éclipsé la présence de l’Etat islamique.
Profitant du vide sécuritaire dans le nord de la Somalie depuis 2022, l’EI a doublé ses effectifs – de 340 à plus de 700 hommes –, attiré des combattants étrangers et ouvert une unité logistique capable de projeter des opérations terroristes au-delà de la Corne de l’Afrique. Un renforcement substantiel attribué à l’afflux de centaines de combattants et de formateurs étrangers venus d’Ethiopie, du Maroc, de Tunisie, de Syrie, du Soudan, de Tanzanie ou du Yémen.
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